En matière de toponymie, cela paraît évident. J'ai entendu un reportage à la télé il y a quelques jours dans lequel différents spécialistes expliquaient quel avait été l'effet pervers de vouloir modifier des noms de lieux à la connotation trop cruelle.
Je parle bien sûr de cette malheureuse région du nord-est qui a été touchée par le tsunami.
Si on regarde dans le passé, et pas forcément très ancien, on nous donnait l'exemple d'un nom de lieu dans lequel il y avait eu de mémorables éboulements de terrain: Kuryu, à Sendaï.
Kuryu avait donc été transcrit avec deux caractères qui devaient rappeler à tous que cette région était potentiellement dangereuse, donnant naissance à des glissements de terrain consituté de couches d'argile superposées sans rien pour vraiment les retenir ......崩生.
Il y avait apparemment de nombreux cas similaires qui faisaient un travail de mémoire pour des maisons disparues ( 欠 de 'kakeru'), des habitations ensevelies (埋 de 'umeru').
Mais pour des raisons diverses, en particulier pour encourager l'installation de populations réticentes, les municipalités ont décidé, non de renommer à strictement parler....mais plutôt de faire un peu de chirurgie esthétique sur les caractères chinois trop connotés.
Ainsi les éboulis devinrent-ils des chataigniers, 栗 'kuri'
les murs aplatis, des plaqueminiers, 柿 'kaki'
ou les ensevelissements, des pruniers, 梅 'ume'
tout un verger fleuri, mais néanmoins menaçant, car l'histoire semble rattraper la région et les mêmes catastrophes se répéter aux mêmes points.