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De passage...

Bonjour!

Bienvenue sur ce blogue dans lequel je vous propose des coups d'oeil éclectiques, au fil de mes humeurs et de mes occupations, des vignettes sur la société japonaise, une incitation au voyage virtuel, j'espère, mais aussi un outil d'adaptation pour ceux qui franchissent le pas et viennent nous retrouver ... à Nagoya!

 

 

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16 août 2010 1 16 /08 /août /2010 13:01

Dans la série populaire Tokujô Kabachi、manga publié depuis 1999 (à l'origine sous le titre Kabachi-tare qui a évolué en Tokujô Kabachi en 2005) et adapté en feuilleton télévisé en janvier 2010, on parle beaucoup de problèmes de société et de droit du citoyen.

Le dernier opus (numéro 22) traite d'un problème extrêmement brûlant: la maltraitance des enfants.

Il y a quelques semaines, à Osaka,  on retrouvait les corps sans vie de deux enfants de 3 et 1 ans abandonnés depuis un mois dans leur appartement par leur mère de 23 ans et donc morts de faim. Celle-ci, qui exerçait la profession d'hôtesse de bar au moment des faits, était arrétée quelques jours plus tard. Elle reconnaissait avoir abandonné ses enfants et être revenue dans l'appartement pour constater qu'ils étaient morts.

Ce genre d' horrible fait divers  n'est malheureusement pas rare. La réaction des médias est d'ailleurs très intéressante car elle est très loin de l'hystérie et la dénonciation vociférante que l'on pourrait attendre. Au contraire, on essaie de comprendre ce qui a pu pousser cette jeune femme à commettre l'irréparable.

C'est lors d'un reportage spécial concernant ce fait divers que j'ai entendu parler du dernier numéro de Kabachi dont NHK louait le réalisme et la finesse de l'analyse.

Les cas médiatisés de ce type présentent des caractéristiques similaires: il s'agit le plus souvent d'enfants très jeunes, vivant avec leur mère qui les a eus très jeune (avant 20 ans), celle-ci étant séparée ou divorcée du père des enfants. Quelquefois elle a un nouveau compagnon et c'est celui-ci qui commet les violences contre les enfants.

Dans le cas qui nous intéresse la jeune femme avait été mariée pendant trois ans et était manifestement heureuse, elle s'occupait bien de ses enfants, sa belle-mère l'appréciait; par contre elle ne semblait plus avoir de rapports avec sa propre famille. Quand elle et son mari divorcent l'année dernière peu après la naissance du deuxième enfant, elle perd complètement pied et en janvier de cette année déménage dans un appartement minuscule d'une pièce que l'on retrouvera jonché de sacs poubelle et autres déchets. N'ayant aucun moyen de subsistance elle commence à travailler dans un bar et c'est la descente au enfers pour les enfants dont les cris inquiètent le voisinage, voisinage qui ne se décidera à agir que parceque les bruits se sont tus, d'ailleurs....mais trop tard.

 

kabachi-1

Dans le dernier épisode de Tokujô Kabachi, de l'équipe de consultants bien connue des lecteurs, le membre  qui va jouer un rôle fondamental est Sakaeda Chiharu (en chemise rose sur la couverture ci-dessus).

Le scénariste de la série, Tajima Takashi, a ouvert un pan de fenêtre sur une période douloureuse de son propre passé puisqu'il a été lui-même, enfant, victime de maltraitance.

Sakaeda Chiharu, son alter ego pour l'occasion donc, se trouve à contre coeur obligé de revivre des moments douloureux de son enfance négligé et battu par son père violent sans que sa mère terrorisée ne puisse rien faire. En effet, en passant devant un petit immeuble minable du quartier, il commence à soupçonner que les enfants qui habitent au premier étage, et en particulier le petit garçon de 6 ans, Yûto, sont maltraités par leur mère.

kabachi-3On apprend au fil de l'histoire que la jeune mère a quitté ses parents à 17 ans sans terminer le lycée pour suivre son amoureux.

 kabachi-2

Deux enfants plus tard, le couple est séparé, le père des enfants ayant disparu un beau jour après une dispute et la jeune femme sans ressources, si ce n'est ceux qu'elle peut tirer de petits boulots occasionnels dont elle est obligée de s'absenter si un des enfants est malade. Yûto, qui ressemble beaucoup à son père, est la cible privilégiée de ses brimades, qui vont des coups au refus de nourriture. 

A l'occasion de la visite médicale préparant l'entrée à l'école élémentaire, certains travailleurs sociaux vont commencer à se préoccuper du sort de cette famille monoparentale, mais sans possibilité d'agir car comme le dit un des travailleurs sociaux, il faut que la maltraitance soit attestée sur une longue période pour que l'on puisse retirer un enfant à sa famille. Le médecin soumet néanmoins Yûto à un interrogatoire sur son poids bien inférieur à la moyenne et les traces de coups....provoquant après coup l'irritation de la maman.

kabachi-4Mais notre héros pour l'occasion, Sakaeda Chiharu, témoin à répétition des gestes brusques de la mère et des cris qui s'échappent de l'appartement, va décider de mettre les pieds dans le plat, tout d'abord en se rendant lui-même chez la jeune femme, sans succès, puis en se présentant au bureau d'aide sociale pour alerter les autorités en tant que tierce personne (une possibilité inscrite depuis quelque temps dans la loi japonaise).

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Les travailleurs sociaux se rendent chez la mère de Yûto, se heurtant à l'impossibilité de monter un dossier qui permettrait de placer l'enfant en foyer d'accueil et il faudra qu'une nuit le garçonnet soit battu si violemment par sa mère qu'il tombe inanimé et doit être emmené en urgence à l'hôpital.

  kabachi-6

Ce n'est que là que sa mère, face au diagnostic de commotion cérébrale, va se rendre compte de la réelle portée de ses actes.

Dans le manga, l'histoire se termine bien.

Notre Robin des Bois moderne, Sakaeda, va permettre la réunion des enfants et de leur mère avec les parents de celle-ci qui, contactés par Sakaeda et ses camarades, acceptent de revoir leur fille et, cela semble probable, de faire de leur mieux pour l'aider à retrouver un sens à sa vie.

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commentaires

E
<br /> <br /> Quand j'entends ces histoires je ressens le fond du fond de la détresse humaine.<br /> <br /> <br /> <br />
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P
<br /> <br /> Je me souviens avoir vu ce sujet évoqué plusieurs fois, ici... Et je me demande si la prise de conscience est plus grande au Japon qu'en France, ou si c'est le problème qui est plus présent, et<br /> donc plus fréquemment relaté dans les médias...?<br /> <br /> <br /> Le Petit Page, de retour sur ses terres toulousaines...et qui repasse avec toujours autant de plaisir ici!<br /> <br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> Petite obsession de ma part.... J'aime bien suivre les sujets. Mais encore aujourd'hui, on en a parlé pendant un bon bout de temps à la NHK. Les événemetns<br /> du mois dernier à Osaka ont secoué beaucoup de gens.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> <br /> Comme toujours, intéresssant billet. Et il me rappelle des fils de conversation ;-)<br /> <br /> <br /> Bonne journée, malgré la canicule persistante.<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Problèmes vieux comme le monde : maltraitance, agressions, viols dans les familles surtout, dont les médias parlent maintenant ouvertement mais le fait d'en parler peut-il changer les mentalités<br /> ? Les humains restent des humains, qu'importe le pays et l'époque...Il ne reste que l'éducation ...mais là cela demande du courage et de l'abnégation...qualités dont le monde moderne est<br /> singulièrement dépourvu<br /> <br /> <br /> <br />
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A
<br /> <br /> Bonjour,<br /> <br /> <br /> Merci pour ce magnifique blog qui me permet de « retourner » au Japon un peu tous les jours.<br /> <br /> <br /> Je n’y suis allé qu’une fois pendant un mois, il y a presque deux ans maintenant, pourtant le souvenir que j’en garde reste très vif.<br /> <br /> <br /> C’était une très belle expérience qui m’a vraiment exalté, si bien qu’en rentrant en France, j’ai eu le mal du pays, pas du<br /> mien, mais bien du Japon.<br /> <br /> <br /> Encore merci.<br /> <br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> Ah, le blues du retour..... courant je crois! Il faut trouver le moyen d'y revenir.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Merci vraiment pour votre commentaire...trop flatteur, mais c'est agréable à entendre.<br /> <br /> <br /> <br />