On aime souvent parler à l'étranger de l'enfer des examens auquel doivent faire face les jeunes à différents moments de leur scolarité et en particulier pour rentrer à l'université. Mon intention dans ce billet n'est pas de détailler le fonctionnement complexe (mais pas forcément ardu...) de sélection qui mène un jeune à intégrer une université publique ou une institution privée.
Il faut se rappeler que l'une ou l'autre s'inscrira globalement dans une hiérarchie de niveau au sein de leurs système respectifs; de plus il y aura un autre classement interne des départements qui la constitue.
Les futurs étudiants se seront présentés à l'entrée dans le (les) département(s) de l' (des) université(s) qu'ils avaient le plus de chance d'intégrer. Cela en fonction du niveau qu'ils avaient atteint avant les concours, grâce à l'enseignement dispensé dans leurs lycées, aux cours éventuels d'un juku, grâce bien sûr à leur travail personnel.........et s'ils ne passaient pas les examens standard, grâce à la recommandation de leur lycée.
Et maintenant on comprend mieux pourquoi l'enseignement supérieur doit faire face à un problème à la gravité croissante:
l'extrême hétérogénéité de niveau chez les étudiants qui viennent rejoindre ses rangs.
Je n'ai pas de statistiques pour appuyer cette opinion, mais je soupçonne que la situation est plus flagrante dans les universités privées qui, plus que les universités publiques, ont une très grande indépendance pour sélectionner leurs ouaïlles.
Certaines universités ont donc décidé de prendre un gros taureau par les cornes et d'évaluer le niveau de leurs étudiants dans différentes matières principales qui sont en général le japonais, les maths et l'anglais; et d'y remédier.
Dans notre établissement (privé) on s'est limité au........japonais pour pallier la baisse abyssale du niveau des jeunes à l'entrée en première année.
Je ne parle pas d'études de la littérature dans cette langue, non; mais de cours de remise à niveau pour des jeunes qui ne maîtrisent pas du tout leur Langue Nationale.
Et soyons bien clair: l'immense majorité des étudiants dans les universités japonaises sont des japonais (sauf dans des sections spécialement réservées aux étrangers ou d'autres dans lesquelles l'enseignement est dispensé en anglais; et il y a dans les filières standard quelques jeunes non-japonais qui ont déjà fait une partie de leur scolarité au Japon). D'ailleurs le petit journal de notre fac présente ainsi le but de ces cours que doivent prendre tous les étudiants:
'il est nécessaire pour nous qui sommes nés japonais d'avoir une bonne maîtrise du japonais, cette langue que nous utilisons tous les jours, afin de pouvoir mettre à profit une éducation universitaire et l'utiliser dans la communication en société'.
C'est ainsi que l'on propose à nos étudiants de revisiter les notions de base dans les 4 modules: 'lire', 'écrire', 'parler' et 'écouter'sur deux niveaux, des cours obligatoires par groupe de 35 à 40 élèves............il n'y aura pas de langue de bois, on ne se cachera plus la tête dans le sable : la situation est dramatique!!!!!!!!!!!!
Jugez-en plutôt:
2364 nouveaux étudiants en première année dans 8 départements différents ont passé les tests d'évaluation.
Globalement, seuls 55% avaient un niveau de terminale, 17%, un niveau de première, 19%, un niveau de seconde et le restant, un niveau de fin de collège ou inférieur.
Les résultats par départements suivaient tout à fait le classement interne par niveau de ces départements dont j'ai parlé plus haut. Autrement dit les étudiants qui avaient pu rentrer dans les départements les plus prestigieux étaient aussi ceux dont le niveau de japonais était le plus élevé. Dans le 'meilleur' département, 68% des premières années avaient un niveau de terminale et dans le 'moins bon', seuls 35% rentraient dans cette catégorie!!!!!
Complètement effrayant.